IWC Ingénieur Ref. 666 AD

Lancée en 1955, l’IWC Ingenieur est née dans un contexte de bouleversement technologique. Le monde entrait dans l’ère de l’électricité, des centrales, du nucléaire civil et de l’électronique industrielle. Dans ce nouvel environnement, les montres mécaniques étaient menacées par un ennemi invisible mais redoutable : le champ magnétique.

L’IWC Ingenieur, littéralement « l’ingénieur », est la réponse d’IWC à ce défi. Équipée d’un boîtier doté d’une cage de Faraday en fer doux entourant le mouvement, elle offre une résistance antimagnétique jusqu’à 80 000 A/m, comparable à celle de la Rolex Milgauss lancée la même année. La compétition est donc directe, mais avec une approche plus sobre et technique que sportive.

La première série, la 666A, est une montre automatique trois aiguilles au design épuré, sans date. En 1959, IWC introduit la référence 666AD, identique en apparence mais intégrant une fonction date à 3h, pour répondre à une demande croissante de praticité.

Le calibre embarqué est le Calibre 8531, un mouvement maison à remontage automatique par le légendaire système Pellaton, un dispositif ingénieux qui utilise un ressort à cliquet pour capter les mouvements du rotor dans les deux directions, optimisant l’efficacité de remontage tout en réduisant l’usure. Ce calibre est encore aujourd’hui considéré comme l’un des meilleurs mouvements automatiques de son époque.

L’Ingenieur 666AD n’a jamais été une montre tape-à-l’œil. Elle séduit par son design sobre, équilibré et fonctionnel : aiguilles dauphine, index en applique, cadran noir et lisible, boîte en acier de 36,5 mm — tout est pensé pour la lisibilité, la robustesse et la fiabilité.

Contrairement à la Milgauss ou à certaines Omega de la même époque, l’Ingenieur n’a pas cherché à séduire par un marketing clinquant, mais par une philosophie d’ingénierie horlogère, à l’image des clients qu’elle visait : ingénieurs, chercheurs, médecins, techniciens de haut niveau — des professionnels pour qui la précision n’était pas une coquetterie, mais une nécessité.

Sur le marché vintage, la 666AD est de plus en plus recherchée. Sa production fut limitée, et les modèles en bon état, notamment avec cadran non retouché, aiguilles d’origine et mouvement révisé — se raréfient. Elle séduit autant les collectionneurs IWC, les amateurs de montres techniques, que ceux qui apprécient l’élégance discrète du milieu du XXe siècle.

C’est une montre qui incarne une époque où forme et fonction étaient indissociables, et qui continue à faire battre le cœur des amateurs exigeants.